dimanche 18 septembre 2016

Les journées du patrimoine européen à Rennes

Les journées du Patrimoine européen, à Rennes, les 17 et 18 septembre 2016, ont permis à de nombreux curieux de découvrir les fouilles de l'Hôtel-Dieu. Sur l'emplacement du vieil hôpital bâti en 1844, des fouilles mettent en évidence l'existence d'un ancien quartier d'habitation et de stockage. Il s'agit du quartier nord, déjà repéré, mais jamais fouillé, qui représente la plus large extension de la cité antique. Au IIIème siècle, sous la menace des invasions germaniques, les habitants l'avaient quitté pour se réfugier dans une enceinte fortifiée plus petite et plus facile à défendre.
L'INRAP a réalisé un travail de présentation pédagogique remarquable. A l'extérieur du chantier, des panneaux indiquaient les enjeux de la fouille et donnaient quelques indications sur le travail des archéologues et anthropologues. 


                                            

D'autres explications étaient fournies à l'intérieur du périmètre des fouilles : des membres de l'INRAP se relayaient afin de fournir aux visiteurs  les moyens de comprendre ce que le sol avait conservé.

Comment les archéologues travaillent-ils, à partir de quelles informations lancent-ils une recherche ?

Trois zones étaient délimitées : à gauche, une rue et des bâtiments commerciaux ; au centre un mur derrière lequel était érigé un bâtiment public ou peut-être un temple ; à droite, la nécropole du IVème siècle. 
Les trois zones offertes à la visite. En jaune, les rues qui se coupent à angle droit, suivant l'habitude romaine.Au centre, en noir, le mur qui séparait la rue de la zone du temple (?).

On observe ainsi, sur cette image, un carrefour, avec la chaussée de galets en haut  à droite de la photo, les divers bâtiments matérialisés sur la gauche. 
Après avoir dépassé la rue principale, qui présentent des ornières bien visibles occasionnées par les chariots du IVème siècle, commençait l'impressionnante visite de la zone nord, la plus à droite du site. 

Sur cette photo, on observe les ornières laissées aux IVème siècle, une époque troublée où la voirie n'était plus entretenue aussi soigneusement que dans les siècles antérieurs.

320 tombes ont été repérées pour le moment, 120 fouillées, bien alignées le long de la rue. Les archéologues supposent que le site funéraire est en réalité bien plus vaste, et s'étend sous l'hôpital et sous les rues avoisinantes. 




Sur ces deux photos, on observe une tombe d'enfant, puis une tombe d'adulte
Le site présente d'ailleurs des procédés d'inhumation variés : des tombes à coffrage de différentes sortes, et des tombes creusées dans le sol de la domus, après la destruction de celle-ci.


Une tombe avec coffre.

La domus était elle-même riche, haute de un ou deux étages (en attestent les fondations de deux mètres de profondeur) et elle disposait d'un chauffage par hypocauste.

Les restes de la domus, avec à gauche l'emplacement de l'escalier menant à l'étage.

Le système d'hypocauste est visible ; à droite, l'endroit où l'on attisait le feu.

Une tombe, creusée dans le béton romain, réutilisant le sol de la domus. 




Le succès de cette journée fut considérable : une foule dense s'est pressée pour découvrir cette fouille importante, qui n'est pas terminée. La première tranche ( à gauche du site) doit laisser la place aux pelleteuses d'une entreprise de BTP en Octobre 2016 : les parkings d'un important complexe d'immeubles y seront creusés. Mais le reste du chantier continuera jusqu'en avril 2017, en attendant que le blockhaus de l'Hôtel-Dieu et les bâtiments voisins soient détruits : une autre fouille débutera alors, et nous saurons si le site antique comprenait un temple. 
C.Chassanite