Pantaleon de Nicodémie fait partie des Quatorze Saints Auxiliateurs dont le culte s’est développé au XIVème siècle, après l’épidémie de Peste Noire.
Le Vatican le présente ainsi : «Saint Pantaléon, également connu sous le nom de saint Pantalon, est l’un des martyrs les plus célèbres de la grande persécution des chrétiens sous l’Empire romain (303-305). Il est vénéré comme le patron des sages-femmes et, avec les saints Côme et Damien, il est aussi co-patron des médecins. Il fait partie du groupe des saints anargyres, ainsi appelés parce qu’ils soignaient gratuitement, sans rien demander en retour (du grec : « sans argent »).
Selon la tradition hagiographique, transmise dans de nombreuses langues et versions depuis l’Antiquité, Pantaléon naquit à Nicomédie (dans l’actuelle Turquie) d’Eustorge, un riche païen, et d’Eubule, une chrétienne, qui l’éleva dans la foi. Après la mort de sa mère, il s’éloigna de l’Église et se consacra à l’étude de la médecine auprès du maître Euphrosynus, devenant si compétent qu’il fut appelé à servir l’empereur Maximien, ou peut-être plus probablement Galère.
Le retour à la foi chrétienne fut rendu possible grâce à la rencontre avec un prêtre nommé Hermolaüs, qui vivait caché pour échapper aux persécutions. Hermolaüs, frappé par les compétences médicales de Pantaléon, l’exhorta à ne pas négliger la « science du salut ». Ce dernier fut touché par ses paroles, se convertit profondément et, en invoquant le nom du Christ, guérit miraculeusement un aveugle — ce qui mena également à la conversion de son père à la foi chrétienne. À la mort de ce dernier, il affranchit ses esclaves et distribua ses biens aux pauvres.
La jalousie d’autres médecins conduisit à sa dénonciation auprès de l’empereur, qui tenta par divers moyens de lui faire renier le Christ. Mais Pantaléon demeura ferme dans la foi. Il fut condamné à mort et ses miracles furent qualifiés de « magie ». Il survécut à plusieurs tentatives d’exécution, jusqu’à ce qu’il accepte lui-même la mort, pardonnant à ses bourreaux. D’après la tradition, une voix céleste l’appela alors Panteleimon, ce qui signifie : « celui qui a compassion de tous ».
Malgré les éléments légendaires présents dans les récits hagiographiques, le culte de saint Pantaléon est très ancien. Il est attesté par Théodoret de Cyr (IVe–Ve siècle) et par Procope de Césarée (Ve–VIe siècle), ainsi que par le Martyrologe hiéronymien, datant du Ve siècle et fondé sur des textes encore plus anciens. »
(https://www.vaticanstate.va/fr/etat-et-gouvernement/notes-generales/saint-du-jour/2362-27-juillet-saint-pantaleon-medecin-martyr.html )
A sa mort, en 305, des fidèles recueillirent une fiole de son sang. Conservée à Constantinople jusqu’au XIVème siècle, cette fiole est conservée depuis le XVème siècle à Ravello, près d’Amalfi. En 1616 quelques gouttes en furent tirées pour être transmises au roi d’Espagne Philippe III. Depuis, le sang se liquéfierait en commun, le même jour, dans la cathédrale de Ravello et au monastère de l’Incarnation, à Madrid.
Très populaire en Italie, le saint fut vénéré par les facétieux Vénitiens, qui donnèrent son nom à un personnage de la Commedia dell’ arte, Pantalone, d’où nous avons tiré le nom d’un vêtement bien connu.
Un sermon lui a été consacré par Rupert de Deutz, théologien allemand du XIIème siècle (cf l’audience générale du 9/12/2009 du Pape Benoit XVI https://www.vatican.va/content/benedict-xvi/fr/audiences/2009/documents/hf_ben-xvi_aud_20091209.html# ) et les bibliographies présentes dans ses oeuvres publiées aux éditions du Cerf (Sources Chrétiennes) ou chez l’éditeur Brepols.
Le texte latin est tiré de : M. Coens, « Un sermon inconnu de Rupert, abbé de Deutz, sur saint Pantaléon », Analecta Bollandiana 55, 1937, p. 244-268.
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Sermo Domni Rüberti Abbatis de eodem precioso martyre Pantaleone
1.
« Scimus, inquit Apostolus, quoniam diligentibus Deum omnia cooperantur in bonum, » continuoque addit : « his qui secundum propositum vocati sunt sancti. » De quo proposito Dei, quomodo secundum illud vocati sunt sancti, quomodo illis omnia in bonum cooperantur vel cooperata sunt, quomodo neque mors neque vita, neque angeli et cetera quae commemorat Apostolus in eodem loco, non potuerunt eos a caritate quae est in Christo separare, cotidie mater Ecclesia nascentibus sibi filiis declamat ex ipsorum triumphalibus gestis. Hoc idcirco agit, ut et ipsi fortes sint nec timeant, si evenerit eos tota die propter Deum morte affici et aestimari ut oves occisionis. Vivunt enim, vivunt sancti martyres incliti, nostrae fidei parentes, quorum sanguine terra purpurata est, quorum coronis caelum floret, quorum memoriis Ecclesiae ornatae sunt, quorum nataliciis insignita sunt tempora, quorum meritis sanitates crebrescunt.
1.
« Nous savons, dit l’Apôtre, que tout concourt au bien de ceux qui aiment Dieu », et il ajoute aussitôt : « de ceux qui ont été appelés selon son dessein. » De ce dessein de Dieu — comment les saints ont été appelés selon ce dessein, comment tout concourt ou a concouru à leur bien, comment ni la mort ni la vie, ni les anges ni les autres choses que l’Apôtre mentionne au même endroit, n’ont pu les séparer de la charité qui est dans le Christ — l’Église, leur mère, parle fortement chaque jour aux enfants qu’elle enfante, à partir des actes triomphaux mêmes de ces saints. Elle le fait pour qu’eux aussi soient forts et n’aient pas peur, si jamais il leur arrivait d’être, tout le jour, livrés à la mort à cause de Dieu et considérés comme des brebis destinées à l’abattoir. Car ils vivent, ils vivent, les saints martyrs glorieux, les ancêtres de notre foi, eux dont le sang a teinté la terre de pourpre, dont les couronnes embellissent le ciel, dont les mémoires ornent l’Église, dont les jours de naissance au ciel marquent les temps liturgiques, dont les mérites multiplient les guérisons. (à suivre)