Britannia gallica-latina



1) Polyhistor de Caius Julius Solinus
2) De Situ Orbis de Pomponius Mela 
3) Tria Epitaphia Annae Britanniae
4) Le registre de baptême de Roz-Landrieux 
5) Le Testament d'Yves Hélori
6) Les fouilles de Mane Vechen (Morbihan)



1) Polyhistor de Caius Julius Solinus



Caius Julius Solinus, dit Solin en français, est un grammairien et compilateur d'expression latine, qui a vécu soit au IIIe, soit au IVe siècle.
Il est l'auteur d'un ouvrage intitulé De mirabilibus mundi (Les Merveilles du monde), ou bien "Collectanea rerum memorabilium" ("Recueil de choses mémorables"), ou encore "Polyhistor" ("Celui qui en sait beaucoup"). C'est un recueil de curiosités de toutes sortes présentées pays par pays. L'auteur  s'est inspiré principalement de l' Histoire Naturelle de Pline l'Ancien (23-79).
La Britannia dont parle Solin est la Grande-Bretagne : c'est  alors  une terre peuplée de Celtes, nos lointains ancêtres, mais que certains ont déjà commencé à quitter pour  revenir en Armorique,  notre actuelle Bretagne.  
La traduction qui suit a été publiée en 1847, par M.A.Agnant, à Paris, aux Editions Panckouke. 


1) Le monde se terminerait aux côtes de la Gaule, si, par son étendue en tous sens, l'île de Bretagne ne méritait pas d'être nommée un autre monde. Elle a dans sa longueur plus de huit cent mille pas, si nous la mesurons jusqu'à la pointe de la Calédonie où aborda Ulysse, comme l'atteste un autel dont l'inscription en lettres grecques exprime un voeu. Elle est entourée d'un grand nombre d'îles assez remarquables. L'une d'elles, l'Hibernie, a la même étendue ; les moeurs des  habitants sont barbares ; elle a tant de pâturages qu'on en n'éloigne le bétail que dans la crainte des suites d'une nourriture trop abondante. On n'y trouve point de serpents ; il y a peu d'oiseaux ; le peuple y est inhospitalier et redoutable a la guerre. Les vainqueurs se couvrent le visage du sang de leur ennemis, après en avoir bu d'abord. Ils ne font pas la distinction du bien du mal. Si une mère enfante un fils, elle lui donne ses premiers aliments avec le glaive du père, les lui enfonce légèrement dans la bouche avec la pointe de l'arme, et, par une formule propre au pays, exprime le voeu qu'il ne périsse que sur le champ de bataille. Ceux qui aiment la parure décorent la garde de leurs épées de dents d'animaux marins : car elles brillent à l'égal de l'ivoire, et les guerriers mettent leur principale gloire dans l'éclat de leurs armes. L'Hibernie n'a pas d'abeilles ; la poussière apportée de cette île, et jetée sur les ruches, suffit pour faire que les essaims abandonnent leurs rayons. La mer qui sépare l'Hibernie de la Bretagne est toute l'année houleuse, agitée ; elle n'est navigable que pendant très-peu de jours : or, les Hiberniens naviguent dans des nacelles formées de bois pliants et recouvertes de peaux de boeufs. Tant que dure la navigation, ils s'abstiennent de nourriture. La largeur du détroit est de cent-vingt mille pas, d'après les appréciations les plus probables.

D'après l'atlas de Lesage (1831).
2) L'île de Silure est séparée par un bras de mer de la côte des Dumnoriens, peuple breton. Les habitants de cette île conservent encore maintenant les anciens usages : ils ne veulent pas de monnaie ; ils payent et reçoivent en nature ; c'est par des échanges surtout qu'ils se procurent le nécessaire. Ils vénèrent les dieux ; les hommes et les femmes ont la prétention de lire dans l'avenir.
3) L'île d'Adtanatos est rafrâichie par le vent de la mer des Gaules. Ell est séparée du continent de la Bretagne par un bras de mer de peu d'étendue ; elle a des blés en abondance, un sol fertile ; c'est un pays favorable pour ceux qui l'habitent comme pour les peuples des autres contrées : car comme les serpents n'y peuvent vivre, la terre que l'on transporte de là quelque part que ce soit, tue les serpents.
4) Beaucoup d'autres îles entourent la Bretagne. La dernière est l'île de Thulé, où il n'y a pas de nuit à l'époque du solstice d'été, quand le soleil franchit le signe du Cancer, et pas de jour au solstice d'hiver, car le lever et le coucher du soleil se confondent. En partant du cap de la Calédonie pour Thulé, on arrive après deux jours de navigation aux îles Hébudes, qui sont au nombre de cinq. Il n'y a pas de fruits dans ces îles, dont les habitants ne vivent que de poisson et de lait. Ils ont un roi commun, car, quoique distinctes, ces îles ne sont séparées que par de petits bras de mer. Le roi n'a rien à lui ; tout appartient au peuple ; des lois précises le retiennent dans les limites de l'équité, et pour que l'avarice ne le détourne pas du bien, il est soumis à la justice par la pauvreté, puisqu'il n'a rien. Il est entretenu aux frais de l'État. Il n'a aucune femme qui lui soit propre ; il prend temporairement celle qui lui convient.
5) De là vient qu'il ne forme ni le voeu ni le désir d'avoir des enfants. Les Orcades sont les îles que l'on rencontre ensuite quand on a quitté le continent. Il y a sept jours et sept nuits de navigation des Orcades aux Hébudes. Elles sont au nombre de trois. Elles sont inhabitées ; il n'y a pas de forêts, il n'y a qu'un amas de joncs et des sables arides. Des Orcades à Thulé, la navigation est de cinq jours et de cinq nuits. Thulé abonde en fruits que l'on recueille presque en tout temps. Ceux qui habitent cette île vivent au commencement du printemps, d'abord de l'herbe des pâturages avec leurs troupeaux, puis de lait. Ils font pour l'hiver des récoltes de fruits. Chez eux, les femmes sont à la disposition de tous ; le mariage n'existe pas. Au-delà de Thulé, la mer est dormante et lourde. Le tour de la Bretagne est de quatre mille huit cent soixante-cinq milles. Elle renferme des fleuves considérables et nombreux, des sources d'eau chaude appropriées avec un soin particulier aux besoins des hommes. À ces sources préside la déesse Minerve, dans le temple de laquelle brûlent perpétuellement des feux qui jamais ne se réduisent en cendres, mais qui, lorsqu'ils sont consumés, se changent en rochers.
6) En outre, pour ne pas parler d'une multitude très variée de métaux dont la Bretagne offre partout de riches mines de tout genre, on y trouve de fort belles pierres gagates, et en quantité considérable : la couleur de cette pierre est d'un noir brillant ; une de ses propriétés naturelles est de s'enflammer par le contact de l'eau et d'être éteinte par l'huile ; échauffée par le frottement, elle retient les objets, comme le succin. Les habitants de ce pays sont en partie des barbares, qui, par des incisions, des plaies artificielles, figurent sur leurs corps, dès leur enfance, des formes diverses d'animaux, et qui se servent de couleurs pour se faire des inscriptions qui croissent avec le développement de leur corps ; et ces nations farouches regardent comme une preuve éclatante de courage et de patience de pouvoir étaler plus tard de menteuses cicatrices.

Version en latin


[...] 
2) Siluram quoque insulam ab ora, quam gens Britanna Dumnonii tenent, turbidum fretum distinguit. Cujus homines etiamnunc custodiunt morem vetustum : nummum refutant ; dant res, et accipiunt ; mutationibus necessaria potius quam pretiis parant. Deos percolunt ; scientiam futurorum pariter viri ac feminae ostentant. 


3) Adtanatos insula adspiratur freto Gallico, a Britanniae continente aestuario tenui separata, frumentariis campis felix et gleba uteri, nec tantum sibi, verum et aliis salubris locis : nam quum ipsa nullo serpatur angue, asportata inde terra quoquo gentium invecta sit, angues necat.  
4) Multae et aliae circum Brittaniam insulam, e quibus Thyle ultima, in qua aestivo solstitio sole de Cancri sidere faciente transitumnox paene nulla : brumali solstitio dies adeo conductus, ut ortus junctus sit occasui. A Calidoniae promontorio Thylem petentibus bidui navigatione perfecta excipiunt Hebudes insulae, quinque numero, quarum incolae nesciunt fruges, piscibus tantum et lactae vivunt. Rex unus est universis :  nam quotquot sunt, omnes angusta interluvie dividuntur. Rex nihil suum habet, omnia universorum : ad aequitatem certis legibus stringitur; ac ne avaritia devertat a vero, discit paupertate justitiam, utpote cui nihil sit rei familiaris : verum alitur e publico. Nulla illi datur femina propria, sed per vicissitudines, in quamcumque commotus fuerit, 


(page en cours )

2) De Situ Orbis de Pomponius Mela

Pomponius Mela est le plus ancien géographe latin ; il est né en Espagne et vécut au 1er siècle de l'ère chrétienne. Dans l'extrait suivant (livre III, chapitre VI), il décrit  l'île de Sein. (traduction de Louis Baudet, Editions Panckouke 1843, rafraîchie).



En face du pays des Celtes, il est quelques îles, qui sont connues sous le nom général de Cassitérides, parce qu'elles abondent en plomb. L'île de Sena, située dans la mer Britannique, en face des Osismiciens, est réputée en raison de l'oracle d'un dieu gaulois, dont les prêtresses, vouées à une virginité perpétuelle, sont paraît-il au nombre de neuf. On les appelle Gallicènes, et on leur attribue des pouvoirs singuliers : déchaîner les vents et les mers par leurs chants, se métamorphoser en  les animaux  quelles ont choisis, guérir des maux reconnus par d'autres comme incurables, savoir et prédire l'avenir. Mais leurs faveurs, elles ne les accordent qu'à ceux qui viennent  tout exprès dans leur île pour les consulter.  

In Celticis aliquot [insulae] sunt, quas, quia  plumbo abundant, uno omnes Cassiteridas appellant. Sena, in Britannico mari, Osismicis adversa litoribus, Gallici numinis oraculo insignis est ; cujus antistites, perpetua virginitate sanctae, numero novem esse traduntur ; Gallicenas vocant, putantque ingeniis singularibus praeditas : maria ac ventos concitare carminibus ; seque in quae velint animalia verter ; sanare quae apud alios insanabilia sunt ; scire ventura et praedicere ; sed non nisi deditas navigantibus, et in tantum, ut se consulerunt, profectis. 



Ile de Sein actuelle, vue du phare, et la côte est de l'île.  

3) Tria Epitaphia Annae Britanniae

La Duchesse Anne aimait à recevoir des vers latins, et elle correspondait avec aisance et science dans cette langue. Les trois épitaphes suivantes sont écrites par Germain de Brie (1490-1538), et traduites (plutôt adaptées d'ailleurs) au XVI ème siècle par Laurent Desmoulins. L'orthographe est presque conservée : sont rajoutés des accents , quelques majuscules et signes de ponctuation. 
Voir : de la Garanderie M.-M. Les épitaphes latines d'Anne de Bretagne, par Germain de Brie. In: Annales de Bretagne. Tome 74, numéro 3, 1967. pp. 377-396.


1) Forma, pudicitia, integritas, constantia, verum
Simplicitas, pietas, gratia, splendor, honos, 
Justitia, ingenium, gravitas, clementia, sensus,
Anna Britanna tuo condita sunt tumulo. 

Beaulté, bonté, prudence, integrité, 
De cueur et de corps, constance et amytié, 
Simplicité, verité et justice,
Grâce, pitié, honneur, splendeur, pollice, 
Entendement, gravité, et science, 
Sens et vertu, avec toute clémence,
Et maintz beaulz ditz éloquens composez
Sont avec toy en ton tombeau posez. 

2) Condidit hic Annam Lachesis, dum dira sub una
Mille et mille animas perdere morte cupit.

La déesse Lachesis apose
Par son courage lasche et mal dispose
La noble Dame cy dessoubz par effort
Ayant espoir perdre par dure mort
Mille et mille hommes, et les fait passer
Au moyen d'elle avec les trépassez. 

3) Cor cujus jacet hic reginaeque et ducis Annae.
Corpus ubi est reliquum ? Francia corpus habet.
At cor hic jacet, ut ad Anglica proelia fortes
Brittonas ex toto corde gerenda acuat. 

Cy gist le cueur de Anne haulte princesse
Rayne de France, et de Bretaigne duchesse
De haultesse et vertus ennobly
Dont le corps est mis et ensevely
Dedens France pour être leur bennière,
Leur enseigne, leur clarté, et lumière.
Mais pourquoy esse que son cueur a cy mis
Sinon quel prie aux Bretons ses amys
Et ses subjetz que aguysent leur couraige
De batailler, voire et a ladvantaige
Sur les Angloys mauvais, fiers, et iniques
Qui de France sont ennemis antyques. 





4) Registre paroissial de Roz-Landrieux (35)


Le 27 novembre 1451, jeanne Raoul était baptisée. Cet acte de baptême est le plus ancien conservé en France et, sans doute , en Europe. On ne connaît rien de la vie de la petite Jeanne ; seul le hasard l'a rendue célèbre : aucun autre acte antérieur ne nous est parvenu avant le sien, car ils furent détruits par le temps, le feu, les guerres, la Révolution. 
Parce qu'il est injuste que les enfants du reste du registre ne soient pas connus, voici la deuxième petite fille (l'orthographe originale est respectée) : 


Johanna houyte filia Jacobi houyte et Johanne nicoul uxoris / dicti Jacobi baptizata fuit XXIII die mensis marcii. / Nominavitque eam et tenuit principaliter super fontes Johannes ba[r]thelot / cum Johanna cambray et Johanna hardouyn. 


Jeanne Houyte, fille de Jacques Houyte et de Jeanne Nicoul épouse du dit Jacques, fut baptisée le 23 ème jour du mois de mars. La [pré]nomma et la tint principalement sur les fonts [baptismaux] Jean Barthelot, avec Jeanne Cambray et Jeanne Hardouyn. 


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Une page du  registre de Roz-Landrieux.


5) Le testament d'Yves Hélori 



Transcription et traduction française par Th. Hamon, Université de Rennes 1

Le pèlerin qui, poussant les portes de l'église de Minihy-Tréguier (Côtes-d’Armor), pénètre dans le sanctuaire, ne peut manquer d'avoir l'attention attirée par une toile monumentale accrochée sur le mur nord de l'ancienne chapelle fondée par saint Yves : sur un arrière-plan paysager, deux anges joufflus y déploient une vaste tenture où l'on peut lire un texte latin d'une vingtaine de lignes, soigneusement calligraphié en gros caractères. Aucun doute n'est possible, car le titre est des plus explicites : « Sancti Yvonis Testamentum » : il s'agit bel et bien du testament d'Yves Hélory, document précieux entre tous puisqu'il constitue le seul écrit du saint ayant été conservé. Nous vous proposons ici une édition et une traduction française aussi fidèle que possible de ce texte fameux, dont l'original écrit sur parchemin de la main même d'Yves Hélory a malheureusement à jamais disparu, consumé par les flammes de l'autodafé révolutionnaire de 1794. Plusieurs copies en avaient toutefois été opportunément faites, notamment à l'occasion des deux éditions du Testament de saint Yves, respectivement réalisées en 1685 par le jésuite belge Daniel Papebroch, et en 1742 par le Bénédictin breton Dom Hyacinthe Morice. Le texte retenu ci-dessous reprend de façon générale celui de la première de ces deux éditions, qui est également celle utilisée par La Borderie, dans ses Monuments originaux de l'histoire de saint Yves. Sur certains points cependant, nous avons suivi par préférence les variantes révélées par une copie partielle manuscrite inédite, réalisée en 1683 par l'éminent juriste rennais Pierre Hévin, aujourd'hui conservée aux Archives Départementales des Côtesd'Armor. Pour un commentaire détaillé de ce document, nous renvoyons le lecteur à notre étude : « Le testament de saint Yves », revue Armorik, Editions Anagrammes, Perros-Guirec, 2003, n° 1, p. 140-152.

Sancti Yvonis Testamentum

« Ego, Yvo Helorii, sacerdos indignus et servus Christi vilissimus, testando volo et concedo capellam a me fundatam ad honorem Domini Nostri Jesu Christi, Beatae Virginis matris ejus et Beati Tugduali confessoris sui, cum domo eidem adjacente, quam aedificavi de peculio meo quasi castrense in portione mea hereditaria assignante mihi ex successione dicti Helorii patris mei, nec non et dictam portionem, una cum portione mea in hereditate materna eidem juxta adjacente, sitas intra Minihicum beati confessoris praedicti, quatenus usus et consuetudo dicti Minihici permittunt, non obstante statuto regali, municipali, vel principali consuetudine hac in parte, a quibus dictum Minihicum dignoscitur esse immune, praedicto beatissimo Confessore impetrante, Domino sibi favente ; quas in dotem alias assignavi et Centre d’Histoire du droit – Université de Rennes 1 1adhunc assigno dictae capellae, bonae memoriae Alano de Bruc, Episcopo Trecorensi, tunc vivente et auctoritatem mihi praestante, qui praedictae doti triginta libras, quas super decimis quibusdam praedialibus de Quinquis mutuaverat, per litteras super hoc confectas cumulavit, prout nunc est, cum sua dote praedicta, et cum adjutorio bonorum virorum qui, pro remedio animarum suarum, ad sustentationem dictae capellae et ministrorum ejus, pro cultu divino hinc et perpetuum celebrando, de bonis suis mobilibus vel immobilibus voluerint impertivi, quos in bonis spiritualibus ibidem faciendis assumo participes, in perpetuum perseveret ; et quod episcopus Trecorensis, istius concessionis, prout ejus officio incumbit, contra omnes, cujuscumque conditionis existant, cognati vel extranei, pro honore speciali Sancti Tugduali defensor existat ; et quod augeat, si placet, de bonis dicti Sancti, unde cultores Dei, ab episcopo dicto cultui ibidem deputandi, possint et debeant sustentavi. « Bona insuper, si quae post mortem mihi reperiantur – quod non spero, ni fuerint libri aliqui ad animarum aedificationem –, lego dictae capellae et ministris ejus, quos volo, cum adjutoriis quibus supra, ibidem personaliter residere. « Deus huic concessioni faveat, et coadjutoribus vitam aeternam concedat. Amen.
« Datum die Veneris, post festum Beati Petri ad Vincula, anno Domini M CC XCVII. « Et noverit fidelium universitas quod dictam portionem in bonis praedictis, paterna et materna successione mihi attingentibus, teneo et possideo cum auctoritate bonae memoriae episcopi dicti Trecorensis, mihi praestita nomine dictae capellae ex causa dotis praedictae, non meo proprio nomine, a tempore fundationis dictae capellae, quae fuit fundata anno Domini M CC XCIII : nulli tamen consanguinitatis meae in suis possessionibus, per assignationem et detentionem   hujusmodi   volo   prejudicare  ».

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Traduction française du Testament de saint Yves

Il existe de longue date deux traductions de ce texte en français : la première, s'efforçant d'être relativement littérale, est réalisée dans les années 1830 par l'Abbé de La Pommerais – de Quintin –, que sa profession primitive d'avocat prédisposait manifestement à une telle entreprise ; la seconde, soixante-dix ans plus tard, d'une présentation plus claire mais aussi plus synthétique, est due au Chanoine Charles de La Roncière, ancien membre de l'Ecole Française de Rome. Toutes deux ont encore actuellement leurs partisans. La traduction proposée ci-dessous s'efforce de rendre assez littéralement le sens du texte, tout en tenant compte des nouvelles variantes retenues.
« Moi, Yves Hélory, prêtre indigne, le plus vil des serviteurs du Christ, je veux, concède et lègue par testament la chapelle par moi fondée en l'honneur de Notre Seigneur Jésus-Christ, de la Bienheureuse Vierge, sa mère, et du Bienheureux Confesseur Tugdual, avec la maison adjacente que j'ai édifiée avec mes revenus professionnels dans la portion qui m'est assignée de la succession dudit Hélory, mon Centre d’Histoire du droit – Université de Rennes 1 2père, et aussi ladite portion de terre elle-même, ainsi qu'une autre contiguë, provenant de ma part dans l'héritage maternel, situées dans le Minihi du Bienheureux Confesseur susdit, dans la mesure de ce que permettent l'usage et la Coutume dudit Minihi, nonobstant statut royal, municipal ou Coutume principale en ce pays, dont ledit Minihi est reconnu exempt, selon la concession obtenue par le susdit Bienheureux Confesseur, avec l'aide de Dieu ; lesquels biens j'assigne encore maintenant en dotation de ladite chapelle, ainsi que je les ai déjà assignés sous couvert de l'autorité d'Alain de Bruc, Evêque de Tréguier de bonne mémoire, lequel, alors vivant, augmenta par lettres expresses ladite dotation de trente Livres, à prendre sur les dîmes prédiales provenant du Quinquis ; le tout tel qu'il est actuellement, et pour qu'il demeure à perpétuité, avec circonstances et dépendances, augmenté des biens meubles et immeubles que, pour le salut de leur âme, des hommes bons voudraient donner pour l'entretien de ladite chapelle et de ses desservants, afin que le culte divin y soit célébré dès maintenant et à jamais, lesquels personnes j'admets à participer aux biens spirituels qui doivent s'obtenir en ce lieu. « Que l'Evêque de Tréguier, en l'honneur spécial du Bienheureux Tugdual, se montre le défenseur de cette concession, comme il incombe à sa charge, et ce contre tous, de quelque condition qu'ils soient, parents comme étrangers ; et que, s'il lui plait, ledit évêque pourvoie libéralement de biens dudit Saint, les serviteurs de Dieu qui seront choisis pour le culte dans ce même lieu, afin qu'ils puissent subvenir à leur entretien comme il se doit. « De plus, si on me trouve des biens après ma mort – ce que je n'espère guère, à part quelques livres pour l'édification des âmes –, je les lègue à ladite chapelle et à ses desservants, lesquels je veux être tenus à résider personnellement sur place, en contre partie de la rémunération susmentionnée. « Que Dieu seconde cette fondation, et accorde la vie éternelle à ses bienfaiteurs. Amen
« Fait le vendredi suivant la fête de Saint Pierre-aux-Liens, l'an du Seigneur 1297. « Et sachent tous les fidèles que, ladite portion dans les biens susdits à moi échus de la succession paternelle et maternelle, je la tiens et possède avec l'autorisation dudit Evêque de Tréguier, de bonne mémoire, laquelle me fut octroyée non en mon nom propre, mais sous celui de ladite chapelle et en considération de la susdite dotation, du temps de la fondation de cette chapelle, qui fut fondée l'an du Seigneur 1293 : toutefois, je ne veux préjudicier en rien à ma parenté dans leurs possessions, par cette manière de concession et de détention ».


Ces deux pages sont reprises du site suivant :                   http://partages.univ-rennes1.fr/files/partages/Recherche/Recherche%20Droit/Laboratoires/CHD/Textes/TestamentStYves.pdf   (Université de Rennes 1, Centre d'Histoire du Droit).


Le testament, représenté dans l' Eglise de Minihy-Tréguier.

Dans la même église, la statue d'Yves Hélori. 




6) Les fouilles de Mane Vechen (Morbihan)


Article de Ouest-France






À Mané-Véchen, une ancienne villa gallo-romaine à visiter


S'il est un site à ne pas oublier de visiter, c'est bien l'emplacement d'une ancienne villa gallo-romaine à Mané-Véchen. Situé sur un petit promontoire granitique offrant une vue superbe sur la ria d'Étel, le site avait été signalé en 1929, mais il n'a été parfaitement identifié qu'en 1972 à la suite de sondages. Les fouilles ont révélé les vestiges d'une villa gallo-romaine d'agrément construite à la fin du IIe siècle. Elles ont été arrêtées en 2007. Le site est depuis très visité, comme cette année, avec près de 800 collégiens en juin, et plus de 200 personnes en juillet, malgré le mauvais temps.
Les visiteurs seront accueillis par Tiffany Chatelin, guide animatrice saisonnière qui vient d'Étel. Elle vient de terminer sa licence en archéologie à Rennes, pour poursuivre en master à la rentrée. Les visites sont commentées, gratuites et durent de 15 minutes à 1 h, en fonction de l'intérêt manifesté par les visiteurs. Tiffany présente aussi la copie en résine d'un haut-relief, une scène mythologique avec Bacchus (Dionysos en Grèce antique), dieu du vin, et Ariane, fille du roi de Crête, ainsi que de la copie de pièces, trouvées lors des fouilles.
Le site est ouvert jusqu'au 31 août, du lundi au vendredi, de 14 h 30 à 18 h 30 (fermé le week-end). Renseignements auprès de la mairie, tél. 02 97 85 88 77. Ouverture aussi lors des journées du patrimoine, en septembre.

D'autres informations sont disponibles aux adresses suivantes : 
http://www.mane-vechen.info/histoire.php (site officiel très complet)
http://www.mane-vechen.info/documents/Aremorica_2007.pdf (une analyse des fouilles)