Archives du journal en latin

Le premier journal était conçu comme un patchwork de textes, de bandes dessinées et de jeux provenant de l'étranger essentiellement. Nous utilisions et citions ainsi la revue belge Melissa, la revue suisse Rumor Varius, les journaux italiens Adulescens et Juvenis, ainsi que la revue française de Madame Immè M.A.S. (Memento Audere Semper). Notre but était ludique et linguistique, mais aussi clairement publicitaire et militant : il s'agissait de donner envie à certains de se procurer les publications citées, tout en prouvant  que l'on pouvait étudier et écrire le latin en s'amusant, ce que nos amis européens avaient compris depuis longtemps. (double clic sur la page)











Et puis un jour, nous nous sommes lancés. A notre tour d'écrire des articles, des commentaires sur les films, les sorties musicales ou les derniers jeux vidéo. Les règles sont simples : dans le respect des lois sur la laïcité, pas d'exposés politiques ni de prises de position religieuse. Pour le reste : liberté totale.
Les premiers numéros du journal des Ormeaux reflètent ainsi les centres d'intérêt des élèves, avec également un amour  immodéré pour Gotlib (mais cela, c'est plutôt l'influence du professeur).  (double clic sur la page)








Comment rédiger un journal de classe en latin (recette) :
- prenez un groupe d'élèves dubitatifs mais conscients de participer à une entreprise un peu folle et curieux de voir "si ça marche" ;
- commencez par une conférence de rédaction  mensuelle, occasion pour chacun d'exposer les sujets ou les nouvelles qui lui paraissent importants ;
- après l'échange, la critique et la constitution des groupes (très rapide en fait, et laissée à l'appréciation des élèves), la phase 2 commence : le groupe écrit l'article en français (10 lignes, pas plus). Au bout de quelques mois les élèves apprennent ainsi  à manier la concision et l'efficacité. Il faut bien 2 heures.
- Phase 3 : en groupe, chacun s'organisant librement, les 10 lignes de français deviennent 5 ou 6 lignes de latin. C'est le temps de la grammaire (le professeur connaît les points importants qui seront utiles à la classe et les a  fait réviser spécialement pour cette série d'articles), c'est aussi le temps de l'adaptation et de la découverte des spécificités de chaque langue (gallicismes et latinismes) et le temps du marathon professoral entre les tables. Il faut 2 ou 3 heures (+ de la vitamine C).
- Phase 4 : les textes sont retranscrits et mis en page.
-Phase 5 : le résultat final est présenté à toute la classe pour une traduction orale (et l'expression du  sentiment justifié d'avoir bien travaillé).






Enfin nous avons maîtrisé tout le processus de fabrication.
C'est alors qu'un appel  à participation est déposé dans les casiers de la salle des professeurs : "concours national de journaux scolaires, envoyez un exemplaire récent de votre journal, si possible le dernier en date". Par provocation et aussi parce que je suis sûr des élèves, j'inscris mes classes. Commence alors l'aventure du numéro de six pages. Les deux groupes se mettent au travail et réalisent intégralement textes, jeux, dessins, aidés par des élèves non latinistes qui se joignent à nous pour l'occasion. L'enthousiasme et la générosité dont font preuve les élèves sont un des meilleurs souvenirs de ma carrière.
Ah, j'oubliais : notre journal était, à ma connaissance, le seul journal scolaire latin de France. (double clic sur la page)






Plus tard, en 2000, une aimable mère d'élève me proposa de construire un site internet dédié à notre journal en latin. Ce fut le premier journal scolaire latin d'Europe, qui resta sur le site du Collège des Ormeaux, à Rennes, pendant plusieurs années.  
Mais c'est finalement une autre histoire.