Les expositions au Musée de Jublains sont, depuis quelques années, d'une qualité qui place ce musée régional au niveau des meilleurs nationaux, et donc des meilleurs européens.
La collection du riche voyageur et amateur d'art Pierre Aristide Boullet-Lacroix (XIXème siècle) présentée cette fois, est ordinairement conservée à Château-Gontier. Disons tout de suite que le sous-titre de l'exposition, "Sculpter l'homme dans l'antiquité" est une prétexte pour justifier la réunion de ces oeuvres et leur présentation au public.
"Comment (l'homme antique) aimait-il se faire représenter et où allaient tous ces portraits qui peuplent aujourd'hui nos musées ? Pourquoi Dionysos, le célèbre dieu du vin, était-il si populaire dans le décor des maisons ? Que signifient ces scènes de la vie, chasse, jeux du cirque, travaux des champs, sur les décors des sarcophages ?" Le dossier de presse que je cite ici montre l'absence de cohésion dans la problématique, ce qui handicape cette exposition : est-elle consacrée à la relation entre l'homme et son imaginaire ? L'homme est sa propre représentation ? La représentation des dieux ? Interroge-t-elle la notion de réalisme ? Envisage-t-elle d'expliquer concrètement le processus de création, imaginaire puis matérielle ? Un peu de tout, alors...
Le catalogue permet heureusement de répondre à ces questions : regroupant plusieurs articles (la collection Boullet-Lacroix ; le genre du portrait ; fonctions et usages de la sculpture antique ; la sculpture funéraire dans l'empire romain) il est de très bonne tenue universitaire grâce à la qualité des contributions, celles de F. Queyrel et L. Baumer notamment.
Aussi faut-il visiter la collection Boullet-Lacroix en musardant, tournant et retournant, sans vraiment se préoccuper d'un parcours type défini. N'est-ce pas, d'ailleurs, une des meilleures façons de s'approprier une exposition ?
Pour ma part, je recommanderais d'admirer le très bel ensemble de buccheros étrusques.
La riche iconographie funéraire est accompagnée de quelques panneaux qui mettent en situation les enjeux de la représentation, notamment la représentation de ce que fut la vie du défunt, et les lieux de l'inhumation. Deux urnes funéraires très intéressantes mériteraient un sort meilleur : une traduction et une explication des inscriptions notamment (le catalogue s'en charge, mais de façon trop succincte, car sans analyse du style ni de l'onomastique).
La sculpture antique est aussi un art du kit, de la récupération et du démontage : on enlève une tête d'un buste pour y poser une autre, on assemble bras et jambes sur un torse, on remodèle un visage selon les nécessités du moment. Il est amusant de repérer malicieusement sur les marbres toutes les manipulations qui ont été réalisées au cours des temps antiques.
L'arrière de deux bustes, et les coups de ciseaux. |
Le corps et la tête ne sont pas de même époque, mais c'est la reconstitution moderne qu'il faut ici incriminée. |
Enfin, n'oublions pas les dieux.
Dionysos, IIème siècle. |
Hygie, Ier-IIème siècle de notre ère. |
Hermès |
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